Battle avec un hypercondriaque (partie 1) : victoire par KO en 4 rounds
Le point de vue d'une kinésiologue...
On connaît bien le profil de l’hypocondriaque, ce « malade imaginaire » popularisé par Molière, qui a une peur maladive de la maladie et qui fréquente beaucoup (trop) les cabinets médicaux. Perso, je n’en ai pas beaucoup rencontré.
On parle moins du profil inverse, alors qu’il est sans doute beaucoup plus répandu ; celui de l’hypercondriaque. Celui-ci évite les rendez-vous médicaux par peur du diagnostic, et se justifie de négliger sa santé avec de bons prétextes : « oui, je suis un bon vivant, c’est ma nature, je ne vais pas me changer maintenant », « il faut bien mourir de quelque chose ! », ou alors « il faut arrêter avec votre bobologie ! », « ceux qui s’écoutent trop sont des faibles, des chochottes, alors que moi je suis / je veux être fort ».
L’exagération conduit à ce raccourci : « trop s’écouter, c’est mal ». L’attitude est un peu facile : on a tendance à discréditer les excès d’un contre-modèle pour ne pas avoir à se changer, n’est-ce pas ?
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À ma connaissance, il n’y a pas de personnalité publique ou de personnage de fiction qui incarne spécifiquement l’hypercondriaque. On pourrait se rabattre sur l’image de l’autruche, la tête dans le sable (sauf qu’en réalité, l’autruche est un volatile véloce et combatif, qui privilégie la fuite ou l’attaque en cas de menace, mais tant pis).
L’« effet autruche » est un biais cognitif qui décrit la tendance à ignorer délibérément des informations négatives ou anxiogènes, comme mécanisme de protection. Soit.
Je connais quelques « autruches », et leur dédie les quatre citations qui suivent.
ROUND 1. « Si tu écoutes ton corps lorsqu’il chuchote, tu n’auras pas à l’entendre crier »
Autrement dit, soit tu entends les premiers signaux d’alerte, soit tu réagis plus tard, quand la situation s’est bien détériorée. Ce proverbe issu de la sagesse tibétaine reflète bien le système de valeurs dans lequel j’ai grandi ; un système que certaines de mes fréquentations étudiantes (il y a bien longtemps donc) ont ébranlé, mis à l’épreuve, dans d’interminables débats. J’ai dû éprouver les limites du concept, pour finalement le conforter et le réhabiliter, pour mon bien personnel et aujourd’hui, pour celui de mes clients [i] : évidemment, en tant que kinésiologue, je suis naturellement attentive à toute expression corporelle : posture, respiration, douleurs, tensions, tremblements, fatigue… J’écoute, j’observe, je ressens, je « dialogue » avec les mémoires cellulaires du corps, grâce au test musculaire. Avec le client, je fais des liens, revisite des émotions, explore des croyances limitantes, débusque des conditionnements, et nous voyons ensemble si cela fait vraiment sens et ce qu’il est opportun d’en faire.
Alors, quand et pourquoi n’entend-on pas son corps chuchoter ?
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Prenons quelques exemples de profils, travaillés en consultation :
- Comme Mariette, tu te laisses déborder par le rythme infernal de ton quotidien de jeune maman, et n’écoutes plus tes propres besoins physiologiques (faim, soif, repos...). C’est le bébé d’abord, toi ensuite. Ta croyance fragilisante ou sabotante : « je dois tenir, je n’ai pas le droit d’être malade ».
- Comme Davy, tu te dois d’être un homme fort et ne pas montrer tes faiblesses, alors tu malmènes ton corps, le force à bout, l’asservit. Chez Davy, cette injonction dans son éducation familiale semble s’être consolidée en réaction à un trauma d’impuissance ou de faillite d’un de ses ancêtres.
- Comme Inès, tu te « déconnectes » inconsciemment de ton corps pour te protéger, pour éviter d’affronter le réel, ou de ressentir tes douleurs chroniques. Ton subconscient a choisi les stratégies de l’évitement, l’inhibition, l’anesthésie, voire la dissociation.
- Comme Léna, à qui on a tellement répété « arrête de te plaindre, de te trouver des excuses », tu culpabilises et n’as plus du tout confiance en toi, en tes ressentis, tes intuitions, ton fonctionnement corporel. Tu finis par mépriser ton corps pour à nouveau te sentir comprise et soutenue par les autres.
- Comme Jérémy, tu es plutôt un cérébral, hyperrationnel et contrôlant, qui vis dans ton mental, dans la peur d’être trompé ou humilié. Les ressentis et expressions de ton corps sont potentiellement suspects et illusoires. Ta stratégie innée : le détachement par défaut, le recul ou le mépris pour tout signal corporel, tant qu’il n’y a pas de certitude.
Te reconnais-tu ? As-tu d’autres profils à présenter ?
ROUND 2 : « Si je ne prends pas de temps pour ma santé, je serai forcé de prendre du temps pour ma maladie ».
J’en remets une couche avec cet autre proverbe, qui pointe une notion de temps et sur une opposition entre démarches préventive et curative. Certes, sans forcément être hypercondriaque, il y a des périodes de vie où l'on n'a pas le temps, pas l'envie, pas l'énergie pour prendre soin de soi, de ses besoins, de sa santé physique et mentale. OK, ce n’est pas le moment. Mais imagine : et si finalement ce n’était jamais le bon moment ? Si vingt ans plus tard, tu ressassais encore cette même idée ?
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Et s’il ne s’agit pas de la temporalité, c’est parfois une question de méthode. On n'a pas tous de modèle positif et inspirant, autour de soi, de quelqu’un qui prend vraiment soin de lui. On n'y est pas encouragé, on n'y a jusqu’ici jamais été sensibilisé. On ne sait pas par où commencer pour se faire du bien : l'alimentation, le sommeil, l'activité physique, les soins corporels...? Quand, comment, combien de temps, où ? « Il y a tellement de routines psycho-corporelles possibles, laquelle est la plus adaptée à mon cas ? Ah non, je ne fais pas ça, je vais tomber dans l’hygiénisme, et dans l’orthorexie ! » (coucou, les saboteurs internes de type vigilant, tatillon ou évitant).
Parfois, ça se décoince tout seul. Il suffit d'une lecture, d’un film, d'une rencontre… ou d’une épreuve pour avancer. Pssst, une suggestion au passage : si tu ne sais pas par quoi commencer, une séance de kinésio peut te donner un super élan, te faire avancer à pas de géant. Car pour rappel, c'est une pratique holistique, qui intègre et associe entre eux les plans physique, mental, émotionnel et énergétique de la personne, pour lui permettre de s'alléger, se rebooster, se rééquilibrer et se réadapter...
Rendez-vous dans la deuxième partie pour d'autres citations canons.